Le mois de mars 2025 n’aura pas été favorable à la fructification du mycélium de morilles. Le 18 avril, il a suffi d’une météo peu engageante pour reporter la sortie consacrée aux stars du printemps. Le vendredi suivant, un appel avait été lancé à ceux qui voulaient néanmoins se retrouver pour profiter des rayons de soleil venus trop tardivement.
Le Vendredi 25 avril 2025, sortie improvisée : Orgeux, avec pour terrain favorable, les rives de la Norges.
9 SMIstes au rendez-vous : Morgane, Laurent, Eric, Michel, Jean-Claude, les 2 Gilles, Denis et Alain.
Deux sites prospectés :
Pas de morilles ou autres Morchellacées, peu de champignons présents, 2 lamellés seulement, mais la star assurément dans ces lieux où abondent les gros frênes tombés : la daldinie concentrique (Daldinia concentrica).
Profitons-en pour en dire plus à son sujet.
En tout premier lieu : en coupant un stroma en forme de boule apparaîtront les couches concentriques qui ont donné son nom « concentrica », la dernière, extérieure, celle constituée des minuscules périthèces contenant les spores. Mais il n’y a pas une seule daldinie, toutes ont des stromas concentriques alors ne nommez pas une daldinie en vous basant sur ce critère. Pour déterminer une daldinie, il faut tester des réactions chimiques et faire une étude microscopique.
Ces champignons sont des usines chimiques. Ce n’est pas pour rien qu’on fait réagir les pigments (certains nématicides) contenus dans la paroi à la potasse. Pour Daldinia concentrica, ces pigments donnent une couleur pourpre-violet. Pour en savoir plus sur les métabolites présents, on peut se référer à l’ouvrage monographique de référence « A polyphasic taxonomy of Daldinia » (Stadler & al., Studies in Mycology 77, 2014)
Dans notre région, 5 Daldinia différentes ont déjà été observées. Sur frêne en ripisylve, il est vrai qu’il s’agit la plupart du temps de Daldinia concentrica. Il y en avait des centaines à Orgeux, le plus gros stroma étant mesuré à 87 mm. Attention enfin à ne pas se tacher car ces champignons sont de très gros sporulateurs, et on finit rapidement avec les mains noires à la manipulation.
Parmi les champignons observés, notons dans la seconde station une rareté. Plagiostoma roberganum est un minuscule pyrénomycète présent dans des tiges sèches de Staphyllea pinnata.
Plagiostoma robergeanum observé ici pour la 1ère fois en Côte-d’Or :
En fait c’est la plante qui est rare, et ici il s’agit donc de la découverte d’une nouvelle station côte-d’orienne du faux pistachier Staphyllea pinnata. Les férus de botanique apprécieront.
L’ensemble des observations :
Site 1 : le bois Loisy (3222C41)
5,161° / 47.365° / 222m
Auricularia auriculo-judae
Coprinellus disseminatus
Daedaleopsis confragosa
Daldinia concentrica
Hypoxylon fuscum
Hypoxylon petriniae
Lentinus substrictus
(=Polyporus ciliatus)
Scutellinia crinita
Site 2 : la Lochère (3222C43)
5,159° / 47.360 ° /222m
Daedaleopsis confragosa
Daldinia concentrica
Fomes fomentarius
Hypoxylon fuscum
Hypoxylon petriniae
Hypoxylon howeanum
Lentinus substrictus
(=Polyporus ciliatus)
Mycena acicula
Plagiostoma robergeanum
Scutellinia crinita |