mercredi 1 avril 2020

Virus et champignons

Voilà quelques semaines que ce fléau appelé Covid-19 nous empêche de vivre normalement, de nous rassembler, voire de prendre l'air, en tout cas dans les forêts éloignées. Mais grand mal nous ferait de ne pas se tenir aux mesures prises qui ne sont que du bon sens. Soyons raisonnables et patients. La nature nous rendra les bons moments non vécus.
Consolation,  le soleil généreux accompagné du vent du nord malheureusement également généreux font que la météo ne serait pas favorable à une belle poussée de champignons de printemps, par manque d'eau avant tout.
Ceci étant dit, rappelons nous que le mois de février a été propice ainsi que le début mars, nous avons constaté que de des champignons intéressants étaient apparus.
En voici deux rapportées à la réunion du 12 mars qu'il ne faut absolument pas confondre. L'occasion est belle car c'est rarissime de les voir chez nous en même temps :


Morchella elata



Gyromitra gigas


Un arrêt sur le second, qui est aussi dangereux qu'il est rare chez nous.
Jusqu'à ce jour on ne comptait qu'une seule récolte de gyromitre en Côte d'Or (Gyromitra esculenta), trouvé par Roland Bigueure. Ce gyromitre, Gyromitra gigas est donc également une première pour le département.
Et pour quelle raison ?
Simplement parce qu'en théorie il n'a rien à faire, a priori,  dans nos forêts calcaires. Certes en Côte d'Or du côté du Morvan, il pourrait en théorie apparaître à la faveur d'un sol granitique. Mais cet exemplaire provient de la sapinière de Détain, un fief calcaire.
Pourquoi cela ? L'habitat où il a été déniché était une forêt de résineux plantés il y a plusieurs décennies. Principalement le fameux répandu "sapin" de Douglas, si peu favorables aux mycorhizes. Cette plantation a été récemment exploitée. Au sol, on trouve dans des chemins improvisés des détritus de douglas, sapins blancs, épicéas, pin sylvestres, et autres feuillus. Pendant des années les résineux ont acidifié le sol en surface. L'exploitation a fourni un substrat favorable dans un milieu légèrement acidifié. Ainsi est apparu l'improbable. Encore fallait-il croiser cet unique exemplaire ce jour-là. La chance de celui qui aime traîner dans les forêts.

Un dernier mot concernant la non comestibilité. La morille est toxique crue, excellente cuite.
On pourrait penser que pour le gyromitre c'est pareil (surtout G. esculenta comme son nom semble l'indiquer). D'autant plus qu'on sait que les scandinaves en sont friands et le commercialisent. Et bien il faut savoir ce qu'on risque : la mort. Cru comme cuit, il est apparu comme champignon mortel. Alors au lieu de nous étendre sur des procédés qui permettraient d'éliminer la gyromitrine afin de le consommer, disons le de façon nette : abstenez vous de le consommer !