mardi 2 avril 2024

Champignon des brûlis, acte 1

 

Après le passage mortifère d’incendies, la vie, fort heureusement, ne tarde pas à revenir. Ce ne sont bien sûr pas les mêmes espèces qui réapparaissent par enchantement. Quelques plantes y arrivent (buis, hellébores, …) mais si le feu a été violent, rares sont les espèces vivantes à retrouver leur territoire comme si rien ne c’était passé. Le retour au stade naturel sera long...

Parmi les espèces pionnières recolonisant ces milieux incendiés, certains champignons sont les premiers, avec mousses ou lichens (citons pour exemples la mousse Funaria hygrometrica ou le genre de lichens Carbonicola). Ces champignons spécifiques des lieux brûlés sont dits carbonicoles. Plus d’une centaine d’espèces assurément sont à ranger dans cette catégorie.

Cette fonge est intéressantes à étudier, car occasionnelles. Notre région ayant été victimes, malheureusement comme beaucoup d’autres, d’incendies récents les forces mycologiques locales n’ont pas raté l’occasion de s’intéresser à cette fonge. Ainsi dans le cadre des sorties de la SSNB les sociétés mycologiques SMI et SMCO ont programmé deux sorties : une printanière sur la RNN Combe Lavaux Jean-Roland et une automnale en RNR du Val-Suzon

 

Champignons des brûlis, acte 1, samedi 23 mars 2024

Le théâtre de cette sortie est un haut lieu naturaliste de la région : les corniches du sentier Quarteaux de la combe Lavaux dans le secteur dit de l’aiguillon de Chamboeuf




A 14h une petite vingtaine de participants s’est retrouvée autour de l’organisateur, Alain Gardiennet, qui en vain a bien essayé d’expliquer le programme de cette sortie et les attentes mais c’était sans compter une première giboulée bien fraîche et bruyante de grésil.

 

Une grimpette sur la corniche plus tard, le soleil est revenu, et la recherche des champignons carbonicoles a commencé.

Une partie des chamois mycophiles
 

Marceau, 8 ans, le plus motivé des fouineurs !

En général au printemps ce sont plutôt des ascomycètes, les lamellés (basidiomycètes) viennent davantage à l’automne. Parmi les ascomycètes de printemps qui aiment les places brûlées, tout le monde a bien sûr pensé aux morilles colonisatrices. D’autant plus que certaines sont bien présentes dans les autres milieux. Mais l’espoir est vite retombé. Nous nous sommes focalisés sur de mini-ascomycètes en forme de disques de moins d’1 cm. Très peu étaient présents malheureusement, probablement parce que ce secteur est trop fraîchement brûlé ou trop exposé à de vents forts qui ont séché la surface. En combe Vanoche un peu plus haut, c’est le contraire, vielle de 3 ans, plus encaissée, quasiment plus de traces de brûlis sont visibles, dire si la nature est résiliente.

La star de la sortie a été Anthracobia tristis :


Un mois plus tôt c’est une autre espèce du genre qui était présente, Anthracobia macrocystis, distinguable de la précédente seulement au microscope.

Fort heureusement d’autres champignons intéressants ont pu être observés :

Zone incendiée_Corniche

Anthracobia tristis

Schyzophyllum commune, sur chênes brûlés

Tremella aurantia parasitant Stereum hirsutum sur chêne incendié

 Combe Saint-Matin

Dematophora buxi

Nemania serpens

 Combe Vanoche

Arrhenia rickenii

Dacrymyces stillatus

Hypomyces aurantius parasite de Picipes badius

Lachnella alboviolascens

Peniophora lycii sur buis incendié

Peniophora proxima sur buis incendié

Phanerochaete sordida sur buis incendié

Rhytidhysteron hysterinum sur buis incendié

Tremella aurantia parasitant Stereum hirsutum sur chêne incendié

 

Le plus spectaculaire étant cet ascomycète, Hypomyces aurantius, parasitant un polypore, Picipes badius

Le polypore bai, parasité par Hypomyces aurantius

 


grossissement de la surface de l'Hypomyces,
 et aperçu microscopique des spores typiquement ornementées