Après le passage mortifère
d’incendies, la vie, fort heureusement, ne tarde pas à revenir. Ce ne sont bien
sûr pas les mêmes espèces qui réapparaissent par enchantement. Quelques plantes y
arrivent (buis, hellébores, …) mais si le feu a été violent, rares sont les
espèces vivantes à retrouver leur territoire comme si rien ne c’était passé. Le
retour au stade naturel sera long...
Parmi les espèces pionnières
recolonisant ces milieux incendiés, certains champignons sont les premiers,
avec mousses ou lichens (citons pour exemples la mousse Funaria hygrometrica ou le
genre de lichens Carbonicola). Ces champignons spécifiques
des lieux brûlés sont dits carbonicoles. Plus d’une centaine d’espèces
assurément sont à ranger dans cette catégorie.
Cette fonge est intéressantes à
étudier, car occasionnelles. Notre région ayant été victimes, malheureusement
comme beaucoup d’autres, d’incendies récents les forces mycologiques locales
n’ont pas raté l’occasion de s’intéresser à cette fonge. Ainsi dans le cadre
des sorties de la SSNB les sociétés mycologiques SMI et SMCO ont programmé deux
sorties : une printanière sur la RNN Combe Lavaux Jean-Roland et une
automnale en RNR du Val-Suzon
Champignons des brûlis,
acte 1, samedi 23 mars 2024
Le théâtre de cette sortie est un
haut lieu naturaliste de la région : les corniches du sentier Quarteaux de
la combe Lavaux dans le secteur dit de l’aiguillon de Chamboeuf
A 14h une petite vingtaine de
participants s’est retrouvée autour de l’organisateur, Alain Gardiennet, qui en
vain a bien essayé d’expliquer le programme de cette sortie et les attentes
mais c’était sans compter une première giboulée bien fraîche et bruyante de
grésil.
Une grimpette sur la corniche plus tard, le
soleil est revenu, et la recherche des champignons carbonicoles a commencé.
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Une partie des chamois mycophiles |
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Marceau, 8 ans, le plus motivé des fouineurs ! |
En général au printemps ce sont plutôt des
ascomycètes, les lamellés (basidiomycètes) viennent davantage à l’automne.
Parmi les ascomycètes de printemps qui aiment les places brûlées, tout le monde
a bien sûr pensé aux morilles colonisatrices. D’autant plus que certaines sont
bien présentes dans les autres milieux. Mais l’espoir est vite retombé. Nous
nous sommes focalisés sur de mini-ascomycètes en forme de disques de moins d’1
cm. Très peu étaient présents malheureusement, probablement parce que ce
secteur est trop fraîchement brûlé ou trop exposé à de vents forts qui ont séché
la surface. En combe Vanoche un peu plus haut, c’est le contraire, vielle de 3
ans, plus encaissée, quasiment plus de traces de brûlis sont visibles, dire si
la nature est résiliente.
La star de la sortie a été Anthracobia
tristis :
Un mois plus tôt c’est une autre espèce du genre qui était présente,
Anthracobia
macrocystis, distinguable de la précédente seulement au microscope.
Fort heureusement d’autres
champignons intéressants ont pu être observés :
Zone incendiée_Corniche
Anthracobia tristis
Schyzophyllum commune, sur chênes brûlés
Tremella
aurantia parasitant Stereum hirsutum sur chêne
incendié
Combe Saint-Matin
Dematophora
buxi
Nemania
serpens
Combe Vanoche
Arrhenia rickenii
Dacrymyces
stillatus
Hypomyces aurantius parasite de Picipes
badius
Lachnella
alboviolascens
Peniophora
lycii sur buis incendié
Peniophora
proxima sur buis incendié
Phanerochaete
sordida sur buis incendié
Rhytidhysteron
hysterinum sur buis incendié
Tremella
aurantia parasitant Stereum hirsutum sur chêne
incendié
Le plus
spectaculaire étant cet ascomycète, Hypomyces aurantius, parasitant
un polypore, Picipes badius
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Le polypore bai, parasité par Hypomyces aurantius |
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grossissement de la surface de l'Hypomyces, et aperçu microscopique des spores typiquement ornementées |